Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous ay escrit de Bloys du XXVIe aoust. Du
2lendemain, ie vins à Chenonceau où ce jourdhuy seullement
3iay receu la votre du XXII dudit moys et non encor celle
4du VIIe que mescrivez avoir bailhée au capitaine Gasparin.
5Loccasion de ma venue audit lieu de Chenonceau
6estoit pour celle mesme don vous faictes mention en votredite
7lettre touchant les companies de messieurs de Maugiron et de
8Suze, et pour avoir lettres de leurs majestés aux seigneurs du
9et favorablement sans s’arrester à aucune difficulté
11pour la quelle ilz deussent attendre la venue du roy, ny
12declaration de sa volonté. Pour ce second point, nous
13sommes renvoyés à larrivée du roy à Bloys, que doibt
14estre le XIIe septembre. Pour le premier, en parlay hyer
15à Monsieur en sa chambre, que ie trouvay dassez bonne
16volonté. Mais une heure après, monsieur Sarred, son secretaire,
17me dict que Monsieur nen ordonneroit rien que ce quil en
18avoit ordonné par cy devant et quil entendoit sue lesdites
19compainies tinssent garnison pour la garde et seurté
20du pays, à faulte de quoy il pourroit advenir inconvenient
21aux villes et grand prejudice au service du roy ; et que si
22les maistres ne tenoint garnison en cas dinconvenient,
23que les capitaines en respondroint. Monsieur de Sauve mavoit
24dict au paravant quil y avoit une depeche preste
25respondant à la votre du XIIe pour faire faire taux et
26composition avec les villes, de façon que ceulx des garnisons
27penssent vivre de leur estat ; toutesfois, quil feroit
28voir à Monsieur mon placet et y respondre, amis ce
29n’a peu estre encor, à cause que hyer et ce jourdhuy
30que le roy a esté purgé et saigné, on na parlé daucunes
31[v] affaires. Jay donné une attaincte à la royne mère
32du payement de votre estat. Ien ay aussi esté renvoyé à Bloys
33où le roy doibt ordonner et voir ses finances, où vous ne
34serés oblié. Jay meployé du temps et de largent à faire
35chercher ses deulx jours chez monsieur de Sauve lestat
36des mortespayes des années passées pour faire reformer
37ne la peu trouver advant que partit de Bloys. Iescrivis
39à Paris à ceulx qui firent les payementz de quelque
40quartier ez années 1569 et 70 que iespère recouvrer
41et faire que tout se rabillera, et peut estre avoir
42assignation pour leur payement sur la recepte generale comme
43on men a donné esperance ; et si les choses dependoint de
44moy, vous y seriés aussi assigné pour le passé et pour ladvenir,
45mais de lung on pourra venir à lautre. Il est vray,
46monsieur, que vous m’avez escrit à mon autre voyage
47de quelz quartiers puis lan 1567 vous estes en arrerage,
48mais voz lettres sont en Daulphiné où, partant de Paris au
49moys d’avril dernier, ie fey pourter mes coffres. Estant
50dernièrement à Paris, je ne peus jouyr de ceulx
51qui men pouvoint declairer, non plus que avoir souvenance.
52de septembre. Les princes sont en Bear[n] avec la royne
54de Navarre. Un segneur de Beauvais, gouverneur du
55prince de Navarre, sest faict ouyr de leur part
56ce jourdhuy. Demain, on pourra scavoir que cest. Il est
57quelque bruict que ceulx de la religion veullent
58embarquer le roy en une guerre estrangère et que le
59duc de Florence est de ceste pratique, qui a craincte
60[f° 47] des forces que le roy catholiq a en Italie, mais iestime
61que nous navons pas du biscuit. Tous sont yci en grande
62attente quil sera du mariage de Madame traicté
63avec le prince de Navarre, estimant cela appertenir
64beaucoup à la fermeté de la paix. Le sieur de St-Romain
65a passé à Paris et est allé au devant de monsieur
66lamiral. Quelq’ung venant de son lougis à Paris conta
67au secretaire Guion de belles menteries, il ne me la pas
68nommé, mais iestime que ceste Le Gua layné, cest
69que vous avez permis au sieur de Varces de porter des
70pistoles disant que les deffences ne sont faicte contre
71ceulx de sa qualité, mais contre ceulx de la religion
72que vous avez permis aux catholiques de Valence s’exercer
73au prix de larquebuze à la charge de ceulx de
74la religion ny seront poinct soufferz ; que le Cheylard
75fut en danger à Grenoble lors quil y presenta sa commission ;
76et quelques autres semblables poinctz sans apparence
77et qui ne vallent pas lescrire. Si suis ie marry que
78telles menteries passent à La Rochelle et vous nomme
79Le Gua non pour en estre asseuré et contre ma costume
80à ne faire rapport qui engendre inimitié, mais au
81contraire soleo testimoniis mers cont sunt mare amicitias,
82aussi quand ce seroit luy ie ne pense quil en soit le premier
84d’Ygnières sont partis sans prendre ma testimoniale de vous
86comme ilz me lavoint demandée, cest que ie cogneus fort
87bien quilz prindrent opinion que les responses de messieurs les
88gentz du roy estoint basties sur mon advertissement.
89Je ne suis pas marry qu’ainsi soit, mais i’eusse bien desiré
90[47v] quilz en eussent metre quelque autre quelqung qui
91est par deça pour sen decharger peut bien avoir bourre
92sur moy. Monsieur le president Truchon nest encor arrivé
93en ceste court despuis Fonteynebleau. Jay trouvé ce [jour]
94le capitaine La Bastide entre cy et Chenonceau en poste
95il a faict le secret, mais ie laurey tost decouvert.
96Je presente mes très humbles recommandations à votre bonne
97grace
98monsegneur, ie prie Dieu qui vous conserve en bonne
99et heureuse vie. De Montrichard, ce dernier
100d’aoust 1571
101votre très humble et obeissant
102serviteur
103Chastelard
104Jay gaigné à Paris mon procès devant les maîtres des
105requestes pour loffice de lieutenant particulier de Viennois.
106Monsieur de Sauve me dict que la companie de monsieur
107le prince daulphin ny la votre ne sont ordonnées pour
108tenir garnison ce quartier, comme sont celles de messieurs
109de Suze et de Maugiron.