Consultation

XVII, folios:46 47
Boczosel, Soffrey de, seigneur de Chastelard
M. de Gordes
Lettre non liée
31/08/1571

Montrichard

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monsieur, je vous ay escrit de Bloys du XXVIe aoust. Du

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lendemain, ie vins à Chenonceau où ce jourdhuy seullement

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iay receu la votre du XXII dudit moys et non encor celle

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du VIIe que mescrivez avoir bailhée au capitaine Gasparin.

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Loccasion de ma venue audit lieu de Chenonceau

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estoit pour celle mesme don vous faictes mention en votredite

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lettre touchant les companies de messieurs de Maugiron et de

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Suze, et pour avoir lettres de leurs majestés aux seigneurs du

9 conseil qui sont à [barré : Chen] Bloys pour nous expedier promptement 10

et favorablement sans s’arrester à aucune difficulté

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pour la quelle ilz deussent attendre la venue du roy, ny

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declaration de sa volonté. Pour ce second point, nous

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sommes renvoyés à larrivée du roy à Bloys, que doibt

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estre le XIIe septembre. Pour le premier, en parlay hyer

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à Monsieur en sa chambre, que ie trouvay dassez bonne

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volonté. Mais une heure après, monsieur Sarred, son secretaire,

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me dict que Monsieur nen ordonneroit rien que ce quil en

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avoit ordonné par cy devant et quil entendoit sue lesdites

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compainies tinssent garnison pour la garde et seurté

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du pays, à faulte de quoy il pourroit advenir inconvenient

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aux villes et grand prejudice au service du roy ; et que si

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les maistres ne tenoint garnison en cas dinconvenient,

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que les capitaines en respondroint. Monsieur de Sauve mavoit

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dict au paravant quil y avoit une depeche preste

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respondant à la votre du XIIe pour faire faire taux et

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composition avec les villes, de façon que ceulx des garnisons

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penssent vivre de leur estat ; toutesfois, quil feroit

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voir à Monsieur mon placet et y respondre, amis ce

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n’a peu estre encor, à cause que hyer et ce jourdhuy

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que le roy a esté purgé et saigné, on na parlé daucunes

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[v] affaires. Jay donné une attaincte à la royne mère

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du payement de votre estat. Ien ay aussi esté renvoyé à Bloys

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où le roy doibt ordonner et voir ses finances, où vous ne

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serés oblié. Jay meployé du temps et de largent à faire

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chercher ses deulx jours chez monsieur de Sauve lestat

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des mortespayes des années passées pour faire reformer

37 dessus celuy [barré : des années passées] de la presente année, mais on 38

ne la peu trouver advant que partit de Bloys. Iescrivis

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à Paris à ceulx qui firent les payementz de quelque

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quartier ez années 1569 et 70 que iespère recouvrer

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et faire que tout se rabillera, et peut estre avoir

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assignation pour leur payement sur la recepte generale comme

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on men a donné esperance ; et si les choses dependoint de

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moy, vous y seriés aussi assigné pour le passé et pour ladvenir,

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mais de lung on pourra venir à lautre. Il est vray,

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monsieur, que vous m’avez escrit à mon autre voyage

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de quelz quartiers puis lan 1567 vous estes en arrerage,

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mais voz lettres sont en Daulphiné où, partant de Paris au

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moys d’avril dernier, ie fey pourter mes coffres. Estant

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dernièrement à Paris, je ne peus jouyr de ceulx

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qui men pouvoint declairer, non plus que avoir souvenance.

52 On tient que monsieur lamiral sera à Bloys le Ve [barré : de] 53

de septembre. Les princes sont en Bear[n] avec la royne

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de Navarre. Un segneur de Beauvais, gouverneur du

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prince de Navarre, sest faict ouyr de leur part

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ce jourdhuy. Demain, on pourra scavoir que cest. Il est

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quelque bruict que ceulx de la religion veullent

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embarquer le roy en une guerre estrangère et que le

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duc de Florence est de ceste pratique, qui a craincte

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[f° 47] des forces que le roy catholiq a en Italie, mais iestime

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que nous navons pas du biscuit. Tous sont yci en grande

62

attente quil sera du mariage de Madame traicté

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avec le prince de Navarre, estimant cela appertenir

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beaucoup à la fermeté de la paix. Le sieur de St-Romain

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a passé à Paris et est allé au devant de monsieur

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lamiral. Quelq’ung venant de son lougis à Paris conta

67

au secretaire Guion de belles menteries, il ne me la pas

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nommé, mais iestime que ceste Le Gua layné, cest

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que vous avez permis au sieur de Varces de porter des

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pistoles disant que les deffences ne sont faicte contre

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ceulx de sa qualité, mais contre ceulx de la religion

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que vous avez permis aux catholiques de Valence s’exercer

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au prix de larquebuze à la charge de ceulx de

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la religion ny seront poinct soufferz ; que le Cheylard

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fut en danger à Grenoble lors quil y presenta sa commission ;

76

et quelques autres semblables poinctz sans apparence

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et qui ne vallent pas lescrire. Si suis ie marry que

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telles menteries passent à La Rochelle et vous nomme

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Le Gua non pour en estre asseuré et contre ma costume

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à ne faire rapport qui engendre inimitié, mais au

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contraire soleo testimoniis mers cont sunt mare amicitias,

82 jay plustost trouvé en latin ce que ien veulx [barré : dire qu’en] dire, 83

aussi quand ce seroit luy ie ne pense quil en soit le premier

84 menteur [barré : mais] ny l’inventeur. Les sieurs de Fermey et de 85

d’Ygnières sont partis sans prendre ma testimoniale de vous

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comme ilz me lavoint demandée, cest que ie cogneus fort

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bien quilz prindrent opinion que les responses de messieurs les

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gentz du roy estoint basties sur mon advertissement.

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Je ne suis pas marry qu’ainsi soit, mais i’eusse bien desiré

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[47v] quilz en eussent metre quelque autre quelqung qui

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est par deça pour sen decharger peut bien avoir bourre

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sur moy. Monsieur le president Truchon nest encor arrivé

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en ceste court despuis Fonteynebleau. Jay trouvé ce [jour]

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le capitaine La Bastide entre cy et Chenonceau en poste

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il a faict le secret, mais ie laurey tost decouvert.

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Je presente mes très humbles recommandations à votre bonne

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grace

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monsegneur, ie prie Dieu qui vous conserve en bonne

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et heureuse vie. De Montrichard, ce dernier

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d’aoust 1571

101

votre très humble et obeissant

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serviteur

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Chastelard

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Jay gaigné à Paris mon procès devant les maîtres des

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requestes pour loffice de lieutenant particulier de Viennois.

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Monsieur de Sauve me dict que la companie de monsieur

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le prince daulphin ny la votre ne sont ordonnées pour

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tenir garnison ce quartier, comme sont celles de messieurs

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de Suze et de Maugiron.

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